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26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 15:11

A vos marques, Prêt ? Partez ! Sur la piste du salon, le sportif du dimanche téléfootesque, je veux parler de l’homme absorbé par la pub, muni d’une bière et d’un zappeur, est lancé pour admirer de 9h à minuit les combinaisons plus ou moins moulantes de fesses musclées  fort naturellement qui souffrent sur tous les terrains moins pour une médaille que pour la promotion d’un produit diététique trop sucré, trop gras ou trop salé. Mais, me direz-vous, comment différencier la publicité des JO ? C’est pas compliqué. Les créatifs bedonnants (ou Mad Men pour faire plus chic) ne sont pas assez dopés pour gagner la moindre épreuve. Et les anneaux olympiques. Ne sont-ils pas l’emblème de valeurs sportives absolues respecté par tous et surtout les plus sages comme le clown Mac Do et la bouteille de Coca ? En hommage à ces anneaux, deux cinéastes de génie dont j’ai oublié les noms (par politesse) ont même sublimé dans Astérix aux Jeux Olympiques la grâce inégalée d’un acteur alcoolique pissant dans une bouteille et sur la moquette d’un avion. Pour le téléspectateur assoiffé de records toxicomanes qui sait exprimer pudiquement sa joie en levant sa bouteille de Kro comme les athlètes bombent le torse une médaille autour du cou en écoutant émus les chants pacifiques d’un hymne guerrier, je dédie cette phrase philosophique de Nelson Montel, ou de je ne sais quel penseur, déclarant ceci : « L’important, c’est de participer. » Mais devant la télé en mangeant un Big Mac, on contribue mieux !

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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 11:11

Il range ses livres de droit et de morale ; il écoute Marine La Haine et ses bons humanistes ; et passionné par leurs causeries d’une extrême droiture, il compatit aux douleurs du bon français (blanc de préférence), il dénonce l’insécurité et les privilèges instaurées par les institutions (dont il fait partie), il maudit le désordre établi par le méchant Etat et se félicite de sa propre honnêteté en défendant l’honneur des gentils escrocs. Révolté par le bonheur des uns (plus foncés selon lui)  faisant le malheur des autres (plus clairs d’après ses électeurs), il prend le micro, fixe la caméra, et regarde le téléspectateur plus blanc que blanc ; il voit en lui la pitoyable victime agonisant sous les heurts des bronzés, la peau blanche maltraitée par des hordes de peaux noires, des vieux insultés, horrifiés par les racailles envahissant la télévision, dont l’étranger sème la terreur et le chaos en France où la haine des blancs contre les noirs est renforcée par l’effroyable plaidoirie d’un Maître, le bien nommé Renard.

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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 10:28
L’homme en position trop verticale est un singe contrarié. Son cou se crispe. Son dos se rétracte. Ses jambes se raidissent. Sa banane pendouille. (Richard Wagner, le musicien préféré des antisémites, écrivait qu’il importait peu de descendre du singe; l'essentiel était de ne pas y remonter.) C’est dur de résister debout trop longtemps. Son cou se crispe. Son dos se rétracte. Ses cuisses se raidissent. Sa banane pendouille. Ses pieds se contractent. L’homme se courbe et le singe se lève.

Le patron fort éloigné du singe, spécimen admirable qui a toujours la courtoisie de congédier son personnel en le remerciant, alors que l’employé prend la porte sans dire au revoir, le patron, dis-je, se tient debout contre grèves et huées. Il courbe pas l’échine à son travail, que nenni ! Avec une dignité surhumaine, il lève les yeux au ciel en priant la bourse d’augmenter ses actions pendant que le petit personnel occupe ses loisirs à travailler. 

Le grand naturaliste darwinien Thierry Roland, commentateur sportif apprécié des racistes qui a passé sa vie à insulter l’arbitre en glosant sur des joueurs qu’il prenait pour des singes, enfin le journaliste Roland, ce Prix Nobel des supporters avinés, a vérifié lui-même cette théorie de l’évolution : « Il n’y a rien qui ressemble plus à un Coréen qu’un autre Coréen. » Pas besoin de lire De l’origine des espèces. Il a tout dit.

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19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 09:24

Un poste à la con._ Et si, un matin ou un soir, un chef venait te voir dans ton bureau en braillant : « Ce travail tel que tu le fais, et l’occupe à présent, il n’est ni fait ni à faire depuis des mois ; depuis ton embauche, tout est mauvais ! Le moindre retard, la moindre remarque, la moindre fatigue, la moindre erreur, toutes tes incompétences retardent l’entreprise encore et toujours, tout ce qu’il y a en elles de foncièrement nulles et foncièrement débiles, tout retarde et retarde dans le même chaos, suivant la même lenteur…Cette esprit retarde aussi, cette tête d’ahuri devant la machine, et ce regard, et ce vide ! Mais j’ai beau te dire constamment ce que tu dois faire, tu resteras toujours l’âne que tu es ! » N’aurais-tu pas envie de te rouler par terre, en hurlant de rire et te moquer de cet odieux patron ? A moins que tu aies peur d’éprouver ce moment suprême où tu lui soufflerais : « Vous êtes un con ; jamais de ma vie je n’ai entendu débiter de telles conneries ! »  Si ces paroles sortaient soudain de ta bouche, elles te changeraient sans doute, et sans doute tu serais licencié ; en t’excusant tu prierais ton patron de te rengager. Peux-tu le faire ? Et le refaire encore ? Ce travail ? Un jour ? Toute une vie ? Et ce poste à la con serait ton fardeau d’éternel mulet ! Ou bien, simplement il suffirait que tu te respectes toi-même et que tu respectes l’homme pour ne plus vouloir être l’âne de ce chef à la con !

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18 février 2013 1 18 /02 /février /2013 08:36

Si vous voulez éprouver une vie de rock star le temps d’un jeu de téléréalité, si vous souhaitez devenir dépressifs après avoir subi les violentes critiques de chanteurs ou musiciens cyniques, si vous rêvez de nourrir les tabloïds avec vos problèmes de dépression, d’alcoolisme ou de toxicomanie et si vous désirez finir votre carrière artistique à peine commencée cramé par l’alcool ou l’héroïne, noyé dans une piscine, asphyxié à la suite d'une surdose de médicament, terrassé par un infarctus ou suicidé par balle, inscrivez-vous vite à Nouvelle Star ou Star Academy ! Vous aurez peut-être l’immense honneur de rejoindre Amy Winehouse et Kurt Cobain dans le Club des 27 sans même avoir sorti un seul disque.

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 11:26

Dans un célèbre film de Godard, une femme demande à Belmondo : « Vous n’avez rien contre la jeunesse ? » et lui répond : « Si. Moi, j’aime bien les vieux. »

« J’aime bien les vieux. »

Cela fait à peu près trente huit ans, sans compter les neuf mois suivant le jour de ma conception, que je constate un manque de respect voire un profond mépris pour nos vieux, partie franchement majoritaire de la population active.

Honte à ceux qui dédaignent ces anciens soixante-huitards devenus banquiers qui ont troqués judicieusement leurs pavés lancés sur des CRS pour des actions boursières engraissées par les crises.

Avec le succès du capitalisme, l’ancien soixante-huitard s’est investi opportunément dans le développement rentable tel un bobo bio.

Sa richesse rend tellement jaloux le jeune qu’il ne se réjouit même pas de la réussite de ses pères trop préoccupé qu’il est par son logement insalubre et son maigre chômage de gamin assisté agaçant à juste titre les anciens partisans d’un vieux slogan soixante-huitard : « Ensemble tout devient  possible. »

Seulement, aujourd’hui, les vieux sont beaucoup plus jeunes que les jeunes. On appelle ça le jeunisme. Et non le viellisme. Ca, c’est pour les jeunes cons !

Renaud, chanteur jeuniste par excellence qui soigne sa nostalgie en se noyant dans la bière n’a-t-il pas dit un jour : « Fils de cons, ça ne veut plus rien dire. Maintenant on va dire parents de cons. » Que pourrait répondre la nouvelle chanson française rétro à ce Gavroche abattu ? Nique ta mère ? Non, c’est bien trop grossier pour un troubadour vieilliste comme Vincent Delerm  qui préfère fredonner mollement : « Les filles de 1973 ont trente ans lalalala Les filles de 1973 ont trente ans lalalala Celles qui ont vu trois fois Rain Man Celles qui ont pleuré Balavoine. »

Moi, j’aime bien les vieux. Surtout ceux de Groland. Les soûlards. Les chauffards. Les geignards. Les traînards qui vous grillent la politesse en fatiguant l’apprentie caissière.

Moi qui ne suis plus vraiment jeune mais pas encore très vieux, je constate que les vieux sont de plus en plus courtois comme un gosse dans un film de Vigo disant merde au professeur mielleux qui lui caressait la main. Convoqué chez le proviseur, sommé de s'expliquer, il n'a qu'une réponse : « Monsieur le professeur, je vous dis merde ! ». Et si la révolte éclate au dortoir avec des plumes qui volent et le surveillant attaché sur son lit, la rébellion ne sera jamais aussi impressionnante qu’un jour de premier mai où des syndicats ont renforcé la grève des travailleurs usés qui s’insurgeaient contre la réforme des retraites en passant de 3 millions de manifestants à quelques milliers. 

Le charbon c’est la jeunesse et la vieillesse est son diamant.

Si vous refusez ce joyau, moi je l’accepte sans peur comme un jour de carnaval on devient citoyen d’un petit pays avec un président aux grandes oreilles comme Salengro faisant de la crise financière une grande crise de rire nourrie de tartes à la crème sur des CRS pour changer des pavés.

Jeunes lectrices et vieux lecteurs, à l’instar de Brassens qui balance entre deux âges, je vous adresse tous un message. « N’écoutez jamais les vieux. » C’est Siné qui le dit. Et encore moins les jeunes. C’est moi qui l’affirme. Le temps ne fait rien à l’affaire. Quand on est jeune, on est jeune. Quand on est vieux, on est vieux.

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 18:57

A Max Linder

au Paradis (ou pas)

 

Devant mon ordi, 12 février 2013.

Pour la sortie de vos films en DVD, j’ai passé quelques jours à parodier Rimbaud.

Voilà une chronique sur la fugacité du rire.

Tout rire de l’esprit arrive au rire du ventre ; éclat tonitruant. De l’esprit à la bedaine, - sourire, ce sont des ironiques, des cyniques. De Socrate à Diogène, de Diogène à Voltaire, tout est rire étouffé, une distraction, étourdissement et satisfaction de brillants philosophes vénérés : Nietzsche est le sain, le joyeux, le clown.-  On a beau se réclamer de ses aphorismes, célébrer son éclat de rire, le penseur dionysiaque est toujours aussi mal compris par ses commentateurs sinistres.- Après Nietzsche, la distraction s’alourdit. Elle continue encore ! Raison et gravité. La folie me donne moins de convictions sur l’homme que la vieille France n’a de doute sur sa méthode cartésienne. D’ailleurs, oublions les vieux! Place aux jeunes : le monde est à parcourir et les jours nous sont comptés.

L’animateur est toujours apprécié ; qui l’admire ? Le public !! L’animateur, qui montre avec éloquence qu’un jeu télévisé résume souvent une carrière, plus précisément, la philosophie absente et radotée du présentateur.

Tu ne penses pas donc je ris. Si le rire devient éclat, c’est à cause de ta bêtise. Tu te crois drôle : je cherche un quelconque esprit, rien devant mes yeux, rien pour mes oreilles : tu lances une grosse vanne : le bide vient d’un coup dans la salle, et fait son œuvre sur scène. Si le public ardent  ne voit de matière à rire que dans ta nullité, je ne serais pas de ceux qui achètent le DVD de ton spectacle vendu par millions serré pour des années dans les rayons d’un magasin lugubre vantant ton humour ! Du bide, ai-je évoqué, reniflements et toussotements accompagnent la blague. Ensuite, murmures et souffles font échos, lassitudes. L’observation de ce comique enchante les moqueurs : certains veulent répéter cette expérience : - c’est seulement par ironie. L’idiotie commune s’ennuie souvent par manque d’idées, fatalement ; les malins font plaisir à leur cervelet : on lâche un tweet et on crée le buzz : ainsi passe la mode, le malin occupant son vide, étant conscient, devant les petits jeux de téléréalité. Des mannequins, des sportifs : chanteur, comédien, danseuse, ces spécimens ne vivent qu’à la télé !

L’étape primordiale du railleur qui souhaite devenir clown est sa propre dérision, absolue ; il se moque de son corps, il le maltraite, il l’agace, il le néglige. Aussitôt qu’il l’ignore, il est tenu de le maîtriser ; ceci est compliqué : la grâce est de faire croire en sa maladresse ! – Pourtant il doit sublimer son corps : comme les comiques du cinéma muet, splaf ! Voyez un dandy luttant contre le vent et tenant son chapeau avec élégance.

Je crois qu’on doit être mime, se déclarer mime.

Le clown se déclare mime par une grande, énorme et aberrante chute dans tous les sens. Dans la tendresse, la peine, la névrose, il ne trouve pas sa place, il ranime en son cœur chaque bénéfice, afin de provoquer les plus beaux rires.

Merveilleuse joie dont il sent la franchise, la bienveillance, dont il est la santé, la défense, le bienfait, - et le sensible créateur ! – Puisqu’il fait naître l’hilarité ! Car il a maîtrisé son corps, enfin admirable, mieux que tous ! Il fait naître l’hilarité, et lorsqu’il commencerait, fatigué, par oublier la maîtrise de sa chair, il les a fait rire ! Qu’il s’amuse dans sa chute par les jambes lourdes et faibles : arriveront d’autres moqueurs immatures; ils débuteront par la scène où le clown est tombé !
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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 16:50

La météo c’est la magie de la télé car on y prédit l’avenir. Le présentateur, une sorte de prophète, parle du temps qu’il fera demain, après-demain et parfois même jusqu’en fin de semaine en employant le futur (et moins souvent le conditionnel) car tout le monde sait que le ciel n’est pas capricieux. Poussés par des vents qui ne tournent jamais, les nuages bien disciplinés suivent toujours le chemin tracé par la main du présentateur. Bien-sûr, il faut savoir décrypter certains symboles sur la carte de France. Le soleil, par exemple, veut dire nuage quelquefois et le nuage certains jours se transforme en averse. Mais bon, ne chipotons pas. La météo est quand même une science exacte. En effet, un soir de Noël, elle a su prévoir de fortes rafales qui se sont avérées n’être que la tempête du siècle !

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 15:58

Soyez sans crainte, je suis pas du genre à demander 100 balles. D’ailleurs, 100 balles aujourd’hui, qu’est-ce que c’est ? 100 euros, tout au plus. Moi, je fais partie de la France qui se lève tôt, qui travaille plus pour gagner moins, « riche de mes seuls yeux tranquilles » comme le chante si bien Moustaki.

Je vis sous une tente, aussi luxueuse qu’un palace ! Je paie pas de loyer. On me demande pas de quittance. Je suis libre. Je travaille dans l’environnement  par tous les temps.  Je suis balayeur. 100% écolo, j’ai pas de voiture. De toute façon, l’essence coûte trop chère. Et puis, je fais des économies. J’ai pas d’amende à régler pour mauvais stationnement. C’est le pied. Pour compagnie, j’ai une voisine de tente qui est caissière et syndiquée. Gentille fille, elle veut changer le monde. C’est à la fac qu’elle a embrassé la pensée de Marx et surtout la barbe d’un étudiant gréviste. La politique a transformé sa vie selon elle. Je veux pas la contrarier. Elle croit que le changement c’est maintenant.  Qu’elle commence par me laisser un peu de couverture la nuit ! Certains soirs, elle dort avec moi quand son igloo prend l’eau. Elle se serre contre moi toute mouillée pour avoir moins froid. Pour elle, on couche pas ensemble parce que sinon faut qu’on se marie. Moi, je trouve nos rapports assez peu catholiques. Elle croit en Dieu. Moi, je suis athée comme Onfray. Ce philosophe est mon père spirituel. Pour elle, c’est mon dieu. Je ne vois pas le rapport. Elle dit que son dieu est un père et qu’il est spirituel aussi. Quand c’est comme ça, je préfère me coucher. Cette femme pourrait faire une excellente ministre. Elle sait flatter ma conscience éveillée d’électeur endormi sans jamais se remettre en question.

Mais bon, faut pas se plaindre. Mon patron dit toujours : «  si t’es pas content, il y en a vingt autres qui t’attendent à la porte ! » Nous, on est bien polis. On accepte tout. On nous appelle la génération sacrifiée. Le chômage et le Sida c’est rentré dans nos mœurs comme la crise du logement et des banques. On sait que les études c’est bien utile pour bosser dans un fast-food. Mais, pour s’intégrer, c’est pas nécessaire de parler philosophie. Ca pourrait déprimer les collègues qui préfèrent disserter sur des choses plus essentielles : la dernière vedette ringarde participant au nouveau jeu de téléréalité.

On se cultive comme on peut mais pas autant que mon pote. Il dit qu’il est très culturé, mon pote.  Il a d’ailleurs passé deux fois son Bac avec mention redoublement. Dans son hôtel, il se prend pour un concierge même s’il n’est que bagagiste. Il rencontre du beau monde, mon pote. Des comédiennes, des députés, des journalistes, des footballeurs qui cultivent leur générosité en donnant parfois un euro de pourboire. Certains, il les traite d’empiffrés en hommage bien-sûr aux merveilleux artistes qui chantent pour Les Restos du Cœur en se faisant payer leur chambre par l’association. Dans son travail, il ne compte pas ses heures, surtout chez lui devant internet et ses jeux vidéo. Quand je lui parle de Rimbaud, il me dit que c’est pas le meilleur film de Stallone. Il préfère son dernier chef d’œuvre qu’il vient de télécharger avec tous les gros bras du vieux cinéma d’action qui mitraillent tout plein de méchants ennemis avec un sens de l’humour qui m’échappe un peu. Il pense que les voyages forment la jeunesse. Il aime bien faire la tournée des bars. Pour mes prochaines vacances, il a trouvé une idée sympa pour me dépayser : faire du camping.

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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 15:47

Voilà bien des années que le français moyen, je veux dire l’enfant de la télé, avec un cerveau disponible pour percevoir le moindre message publicitaire, accepte à chaque émission les brillants traits d’esprit d’un animateur idiot qui se moque avec une suprême élégance de l’apparence des pauvres devenus riches.

Et, après les rires d’une rare finesse, le présentateur souriant comme un crétin lance au public forcé d’applaudir cette phrase d’une grande profondeur philosophique : c’est que du bonheur ! Avec Arthur, célèbre colporteur de ce slogan hédoniste, on n’est pas loin d’Epicure.

Arthur. Y-a-t-il un animateur plus doux, plus bienveillant et plus proche de ce philosophe du plaisir ? La sagesse épicurienne, mélange de joie tempérée, de tranquillité et d'autosuffisance, ne respire-t-elle pas dans les fous rires cyniques de ces peoples repues qui se moquent du sombre inconnu se cognant la tête contre une porte vitrée ?

La suffisance d’Arthur qui se vantait d’être l’animateur le plus con de la bande FM ne va-t-elle pas de pair avec le bonheur d’Epicure fondé sur la connaissance de ses propres limites ? L’ancien producteur de jeux de téléréalité sadiques célébrant  l’exclusion de candidats masochistes est-il si éloigné du philosophe médecin libérant les troubles de l’homme par les plaisirs de l’amitié d’une vie sans angoisse et sans douleur ?

Vous êtes un comique spirituel Arthur mais je ne sais pourquoi vos blagues indigestes ne me font pas rire. On vous voit sur scène, à la télé, dans les magazines. Sur la terre comme au ciel, vous êtes universel un peu comme Dieu ou Sarkozy. A la différence que l’un est introuvable et l’autre invisible (depuis sa défaite aux élections).

Quand j’étais lycéen, je me sentais souvent exclu de vos commentaires intellectuels à la radio. Je préférais entendre la voix plus grave d’un vieux professeur lisant Le Dormeur du val d’un autre Arthur. Ca changeait de l’éternel refrain poétique chanté dans la cour : "Arthur, tous les matins sur Fun radio, ça vous réveille c'est rigolo, ça fait du bien avant le boulot Arthur, Arthuuuurr ! »

Veuillez m’excuser Arthur si je ne comprends pas votre bonne humeur. La philosophie du bonheur que vous prônez n’est pas la mienne. Je préfère la compagnie d’autres pourceaux moins philosophes. Celle du troupeau d’Épicure.

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