Le blog de Benoît Evain

Quand un client rejoint une caissière, la caissière salue le client. Dans notre civilisation commerciale, on intitule cela l’encaissement. Pour encaisser, la caissière scanne les produits pendant que le client parle à son téléphone portable. Quand le client range ses courses dans le caddie, la caissière ne doit pas lui tirer la langue. Même s’il a l’air contrarié, comme cela arrive au moment du paiement, elle doit garder son sourire, ou du moins paraître souriante.  C’est la force de la vendeuse. La vendeuse doit conclure la vente même si elle a peu d’intérêt dans ce commerce. Après l’encaissement, la caissière souhaite une bonne journée au client. Celui-ci s’en va sans répondre l’œil rivé sur son ticket de caisse.

En écoutant Jean-Marie Le Pen dire : « Vous avez quelques soucis avec des centaines de Roms qui ont dans la ville une présence urticante et odorante », il m’a semblé entendre Sarkozy sauf qu’il manquait le Kärcher, la bande de racailles et le on va vous en débarrasser. Moi, si j’étais le petit Nicolas, je demanderais réparation au président d’honneur du Front national pour ce plagiat honteux. D’ailleurs, j’ai cru comprendre qu’il manquait un peu d’argent à l’UMP…

Moi, je le trouve charmant Zidane, cette icône paisible du football français attaquant en justice, avec une autodérision inégalée, l’humoriste Alévêque qui l’a qualifié de « panneau publicitaire à trois neurones ». Plus gracieux que Messi recevant humblement son quatrième Ballon d’or dans un costume de clown. A propos de football, Desproges lui-même n’a-t-il pas rendu hommage aux « dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur le gazon l'honneur minuscule d'être champions de la balle au pied » ? Zidane, aussi, il est champion super champion du monde de l’univers. Surpassant l’homme ordinaire, c’est un dieu un Apollon qui fait même pas caca. Sur les affiches publicitaires, il a un sourire irréprochable. Ce que j’aime chez Zidane, c’est l’ami des indigents de notre planète. Voyez ainsi ce misérable Qatar, le nouveau propriétaire du PSG, c’est pas pour l’argent que le champion a soutenu la candidature de ce pays pour la Coupe du monde 2022, c’est pour l’intérêt du projet. Mais, ce que je préfère chez Zidane, c’est son flegme. Son flegme qui le pousse à donner un coup de boule à un footballeur pour finir en beauté une carrière sportive devant les yeux du monde entier. Lorsque Desproges compare les joueurs de foot à des « calamiteux goalistes extatiques » exultant « de joie folle au milieu de quarante morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois », il exagère. Zidane est amour. 

Ah, si vous saviez comme je suis content d’être chroniqueur de ce blog. Pour ma nouvelle chronique, j’aimerais du reste partager cet instant de bonheur avec vous, lecteurs.

Aussi, pour commencer cette chronique, laissez-moi vous confier une chose : je pense qu’il n’y a pas meilleur blog pour mon humeur, car j’ai besoin de rire et de faire rire.

Au moment où je vous écris, croyez-moi sur parole, j’esquisse un grand sourire. Assurément, devant l’écran je suis heureux d’écrire ce texte pour vous, internautes joyeux dont l’œil est rivé sur l’ordi. Elevé par des esprits libertaires, provocateurs et rigolards, m’ayant donnés consciencieusement l’amour du mauvais goût et l’attrait pour l’insolence la plus grossière, vous devinez le plaisir que je dois éprouver à faire des vents contraires pour un club de marxistes tendances Groucho, dont je soupçonne certains membres d’être aussi peu de droite que de gauche. Ayant pris le parti du rire, je suis rentré comme eux en résistance, modestement, à ma manière.

La résistance hilare, n’est-ce pas un moyen essentiel de préserver une bonne santé mentale dans une société bancale (pour ne pas dire banquable) où l’argent est donné aux riches et volé aux pauvres ? Si vous riez pour corriger ce non-sens, j’écris pour vous. Je suis content aussi de pouvoir dire cela aux baroudeurs d’internet qui découvrent mon blog et souhaiteraient s’abreuver de rires dans ce site fraternel loin du MEDEF et du FMI. Toutefois, pour éviter tout malentendu, il serait sage de prévenir le rieur futile : « Vous qui aimez les blagues sur les blondes, passez votre chemin. » Je vous conseille même de fuir. Vous pouvez toujours chasser la salope en compagnie de Bigard sur You Tube. Evidemment, je plaisante. On n’est pas sectaire ici…Je vous rassure. On tolère aussi les cons. Mais si.

J’en ai la preuve. Moi-même, je me suis toléré. C’est pour dire. Et vous ne semblez pas si différent de moi ! A propos de connerie, si l’homme est aussi con, c’est que Dieu l’a crée à son image, non ? C’est dire que le Seigneur a oublié d’être con, n’est-ce pas ? Et comme je suis aussi con que vous (moqueur frivole) puisque tous les hommes sont égaux (à ce qu’on dit), je ne peux que vous tolérez, Ducon !

D’ailleurs, Jésus n’a-t-il pas dit un jour : « Si quelqu'un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l'autre. » C’est drôle mais moi, je préfère présenter mon cul. C’est plus excitant. Mais bon, après tout, joue ou cul c’est une affaire de goût. Les jeux et les douleurs, ça ne se discute pas.

Moi, je le trouve courageux Depardieu, cet acteur généreux s’exilant en Belgique pour ne plus payer d’impôts en France. Plus charitable que Coluche créant les Restos du Cœur pour nourrir les pauvres. A ce sujet, Goldman n’a-t-il pas chanté : « Aujourd’hui on n’a plus le droit ni d’avoir faim ni d’avoir froid dépassé le chacun pour soi quand je pense à toi je pense à moi » ? Depardieu, pareillement, il a le cœur méga énorme sur la main. Au cinéma, c’est un ogre un Gargantua qui dévore l’écran. A l’abri des enlèvements et des assassinats, sa danse est joyeuse en Tchétchénie. Ce que j’admire chez Depardieu, c’est le proche des démocrates. Prenez cet indulgent Poutine, le président de la Russie élu à vie, c’est pas un dictateur, c’est un démocrate d’après lui. En définitive, ce que j’adore chez Depardieu, c’est sa civilité. Sa civilité qui le fait uriner hors des toilettes devant les passagers alors que l’avion se trouvait en phase de décollage, l’hôtesse lui ayant poliment indiqué qu’il fallait attendre la fin du décollage pour raisons de sécurité. Quand Edouard Baer déclare que Gérard était gêné, il a voulu nettoyer. C’était très gênant et humiliant pour lui, le dandy a raison. Depardieu est un homme très pudique.