Evidemment Jeff Koons ne chérit pas que sa personne. Excepté cela, tout lui plaît chez lui. Absolument tout. Sa coiffure lui plaît. Son sourire lui plaît. Son costume lui plaît. Son altruisme, sa splendeur, sa modestie lui plaisent aussi. Son style lui plaît. A ce propos, il ne remerciera jamais Dieu de lui avoir donné tant de talents. C’est une chance pour nous tous. Un premier jet sur le papier, un grand jet pour l’Art. Mais, pour le reste, il est pas difficile. Tout lui plaît. Il se plaît surtout.
Un jour, lors d’un passionnant vernissage, un dandy moins gracieux que lui bien sûr, a su décrire en quelques mots l’essentiel de son travail. Devant son tableau le plus kitsch, il s’est écrié : « Que c’est beau ! » Il ne sait pourquoi mais l’homme en question lui a tout de suite plu. Peut-être était-ce son goût pour les œuvres éternelles ? Son oeuvre lui plaît naturellement.
Son oeuvre. Vous voulez savoir ce qu’elle vaut sur le marché de l’Art ? Bah, pour tout dire, il est un peu dépassé. Il paraît qu'une de ses photos a été vendue comme une toile de Van Gogh aux enchères. C’est pour vous donner une idée du prix. Vous savez, il pourrait vous parler pendant des heures de cette grande photo avec sa verge dans le cul de son ancienne femme. Et puis cette photo, pour être sincère, c’est son œuvre la plus intime. D’ailleurs, sa séparation définitive lui a fait quelque chose, un peu moins bien-sûr que Jérôme Cahuzac l’ancien ministre du Budget brutalement exclu du parti socialiste pour un petit compte en Suisse.
Pour lui, sa peinture est à la mesure de cette photo, tout deux aussi inséparables qu’un ballon de football au pied de Messi.
Et vous voulez sans doute savoir pourquoi l’artiste a tant de regret pour une photo qu’il peut réaliser en quelques secondes ? Pourquoi, plutôt que d’évoquer son oeuvre, n’évoque-t-il pas son passé de trader ? Vu que pour combler sa banque, il est prêt à photographier ses parties intimes.
Evidemment, il en est conscient. Il en est conscient, cependant s’il parle de son oeuvre, c’est pour une bonne raison. C’est en lisant une citation du plus grand maître pompier du marketing, ce surréaliste paranoïaque espagnol… Son nom est une marque de chocolat. Lanvin, je crois. De toute façon, ce qui a fait sa renommée, c’est pas sa peinture mais son exubérante moustache hispanique, loquace et inspirée, moins soporifique que les discours de Hollande. Ce cheveu visionnaire n’a-t-il pas confessé un jour devant la Terre entière ou dans son journal intime, ce qui revient au même, qu’à force de se prendre pour un génie, il a fini par le devenir ? Génial, non ? Que peut-on dire après ça ?
Cette magnifique prophétie annoncée par le plus génial Raphaël du gribouillage ne pouvait que raffermir le culte que le nouveau Warhol démodé vouait à son art en exposant aux yeux de tous les coulures les plus nobles de son pinceau soulagée et ceci pour la bourse généreuse du marché connaisseur.
Si vous souhaitez faire une affaire, amoureuses de l’artiste et de son coup de pinceau, prenez votre portefeuille et rentrez dans une galerie d’Art, puis achetez sa peinture, vous ferez une bonne action.