Le blog de Benoît Evain

Qu’est-ce qu’un bavard ? Un bavard, c’est quelqu’un qui bave avec art comme l’escargot laissant derrière sa coquille une jolie traînée de bave ou l’architecte qui en a bavé pour dessiner sa maison dans les règles de l’art, d’où le suffixe -ard dans le terme « bavard ». Voilà ce qu’on peut dire de ce mot. Le reste, c’est du bavardage.

On dit que Valls n’aime pas les blagues de Dieudonné. Ca vous étonne. Moi pas. On ne m’empêchera pas de penser que, pour un certain spectacle de Dieudonné, le ministre de l’Intérieur Valls n’a pas été très tolérant envers ce comique. Il faut dire aussi que cet humoriste a lui-même du mal à montrer sa sympathie envers ce ministre. Est-ce une excuse pour interdire les provocations haineuses d’un bouffon malveillant déclarant : « Moi, tu vois, quand je l’entends parler, Patrick Cohen, j’me dis, tu vois, les chambres à gaz…Dommage » ? Voilà une belle déclaration de haine ! Une phrase qui aurait sûrement fait rire un célèbre chancelier allemand. Pour ma part, je suis terrorisé par ce genre d’humour. Celui que l’on retrouve dans les propos fielleux d’un certain Jean-Marie. J’essaie de relativiser. Je prends les mauvaises blagues pour ce qu’elles sont. Seulement, lorsque Dieudonné fait rigoler les militants du Front national, c’est plus fort que moi, je panique.

Moi, je le trouvais attendrissant Sharon, cet homme politique belliqueux stoppant toute négociation avec Arafat qu'il considérait responsable de la situation et lançant une campagne de répression très dure contre les activistes palestiniens. Plus pacifiste que Rabin serrant vivement la main d’Arafat devant le président Clinton suite à la signature des accords de Washington faisant naître l’espoir de l’établissement d’une paix durable entre Israël et la Palestine. A propos de paix, Spinoza a écrit : « La paix n’est pas l’absence de guerre, c’est une vertu, un état d’esprit, une volonté de bienveillance, de confiance, de justice. »  Sharon, également, il avait une grande indulgence. Par-delà les conflits, c’était un oiseau blanc, une colombe qui tenait un rameau d’olivier. Au milieu des cadavres, ses chars d’assaut étaient rutilants. Ce que j’aimais chez Sharon, c’était l’ami des palestiniens. Voyez sa jolie barrière à l’intérieur de la Cisjordanie et autour de Jérusalem. Pour lui, c’était pas un mur de la honte, c’était une clôture de sécurité. Mais ce que je préférais chez Sharon, c’était sa douceur. Sa douceur qui le poussait à déclarer : « La guerre d'indépendance d'Israël n'est pas terminée […] Toute ma vie s'est passée dans ce conflit […] Combattre a été et restera la charge de ma génération (...) Telle sera la charge des générations à venir ». Mieux que Dieu disant à Moïse « Tu ne tueras point », Sharon incarnait la non-violence.

Dans les années 80, des artistes arboraient sur leur vêtement un pin’s à forme de main ouverte en signe de paix et de fraternité, de couleur jaune, portant l'inscription « Touche pas à mon pote ». A présent, des personnalités masculines défendent le droit des clients (hommes) à utiliser librement les services d'une prostituée (femme) par une pétition intitulée « Touche pas à ma pute ». En publiant ce « Manifeste des 343 salauds », ces hommes ne contribuent-ils pas à faire avancer la cause machiste ? Lorsqu’on constate la généreuse tolérance d’un célèbre signataire comparant le mariage homosexuel à la consanguinité et à la polygamie, on n’envisage guère un tel militant se trémoussant dans une Gay Pride. La seule chanson qui doit le faire bouger, je pense que c’est la rengaine de Frigide Barjot : « Tous nés d’un homme et d’une femme ».

L’hiver, ce n’est pas la mort. C’est même assez primesautier comme saison. Les bottes en caoutchouc enfoncées dans la boue, le col roulé serrant le cou qui gratte, on siffle quelques notes de Vivaldi,  les mains dans les poches avec le petit oiseau rabougri caché au fond des bois comme tous ces estivaux attardés profitant de la plage à Noël sous un grand ciel bleu ensoleillé avec les enfants et les adolescents qui jouent en short et maillot de bain. C’est bien connu, l’hiver c’est la meilleure période pour se baigner en France. On éteint le chauffage, on ouvre les fenêtres, on se promène en slip sur sa terrasse en chantonnant : « Les beaux jours approchent. »